COUP DE COEUR : Brou de noix sur papier, 1949 - musée Soulages

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Until zaterdag 01 mrt
Adres musée Soulages Rodez avenue Victor Hugo 12000 Rodez
Brou de noix sur papier 32,3 x 25,6 cm, 1949

Février, mois de l'amour !
Brou de noix sur papier 32,3 x 25,6 cm, 1949


C'est l'occasion idéale de vous faire découvrir l'œuvre coup de cœur d'un membre de notre équipe. Une belle façon de partager avec vous ces tableaux qui nous accompagnent au quotidien : celles qui nous inspire et nous touche. Ce mois-ci : l'oeuvre qui fait vibrer le directeur adjoint, Christophe Hazemann :

La mission qui m’est confiée : partager une œuvre de Pierre Soulages et expliquer en quoi elle est ma préférée. C’est un défi quasi impossible de n’en choisir qu’une. Je me résous à faire un pas de côté et à parler de ce que j’admire par-dessus tout chez Pierre Soulages : sa démarche fondée sur l’expérimentation.

Brou de noix 32,3 x 25,6 cm, 1949, fait apparaître pour la première fois une forme qui s’impose à nous malgré son format réduit. Elle servira de modèle à Peinture 130 x 90 cm, 8 janvier 1955, qui se trouve aujourd’hui à New Haven, Yale University Art Gallery, aux États-Unis. Elle est à nouveau utilisée pour Eau-forte XIII, 76 x 56 cm, 1957. Enfin, la composition est aussi celle de Bronze I, 1975.

Qu’elle soit faite des nuances de transparence et d’opacités du brou de noix, des contrastes plus ou moins appuyés des couleurs de la peinture, du noir plus ou moins profond dû à l’épaisseur de l’encre, ou des reflets sur un métal poli ou creusé, cette composition est réinterprétée à chaque fois en exploitant les possibilités spécifiques à la technique, au médium ou à l’outil utilisé.

Elle résume, à elle seule, des éléments essentiels de l’œuvre de Pierre Soulages avant l’Outrenoir :

La structure verticale centrale d’où s’évadent des blocs de chaque côté et traversée par des obliques rappelle l’affection première de Pierre Soulages pour les arbres qu’il aimait représenter dans sa jeunesse.
La posture monolithique et les anfractuosités apparentes convoquent les statues menhirs admirées par Pierre Soulages dans sa jeunesse.
La composition est l’occasion pour Pierre Soulages d’habiter un espace. Résolument hiératique, l’esthétique peut nous apparaître extrême-orientaliste et illustrer la résonance certaine de l’œuvre de Pierre Soulages avec la calligraphie japonaise.
Il révèle un signe par le plein de son tracé, qui cependant ne signifie rien. Il l’offre à la libre interprétation de celui qui le regarde.
En contraste avec le plein, il révèle le vide qui l’entoure, pénétrant la structure comme autant de profonds fjords. Il ouvre également à l’intérieur, en interstice, des « fenêtres » qui attestent de sa volonté incessante de faire naître une forme de lumière par le dégradé, le contraste ou le reflet.
L’exploitation d’une même composition à travers différentes techniques et supports manifeste la fraternité de l’artiste avec les matières élémentaires et démontre qu’il ne faisait aucune distinction hiérarchique entre les multiples pratiques qu’il expérimenta.
Enfin, cette composition, faite de touches harmonieuses, porteuse de rythmes et de ruptures silencieuses, prouve le rapport évident de l’œuvre de Soulages à la musique.